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LUTINS MALINS (Lille, 59)

Lille : trois mamans créent la première Maison d’assistantes maternelles

vendredi 11 octobre 2013, par Maryvonne

N’en cherchez pas d’autres à Lille, cette « MAM » est unique et vient tout juste d’ouvrir. Au 71, rue Négrier, trois mamans, assistantes maternelles agréées, viennent de créer un lieu d’accueil à mi-chemin entre la crèche et la garde à domicile. Un parcours du combattant qu’elles sont fières de voir aboutir. La maison Lutins malins possède encore quatre places disponibles.

Lille : trois mamans créent la première Maison d’assistantes maternelles

N’en cherchez pas d’autres à Lille, cette « MAM » est unique et vient tout juste d’ouvrir. Au 71, rue Négrier, trois mamans, assistantes maternelles agréées, viennent de créer un lieu d’accueil à mi-chemin entre la crèche et la garde à domicile. Un parcours du combattant qu’elles sont fières de voir aboutir. La maison Lutins malins possède encore quatre places disponibles.

Activité pâte à modeler, ce matin, chez les Lutins malins. Les enfants sont six, autour des tables. Ils lâchent leur doudou pour triturer ces morceaux de pâte rose et verte. Trois nounous les encadrent : Mélodie Leroy, Dalila Douaoui et Naoual Alilou. Pour ces trois amies, les huit jours qui viennent de s’écouler ont été riches en émotion. L’aboutissement d’un projet. Leur Maison d’assistantes maternelles a enfin ouvert le 1er octobre. « Nous avons eu cette idée car nous savons que les solutions de garde en crèche viennent à manquer. Et certains parents sont réticents à l’idée de laisser l’enfant au domicile d’une assistante maternelle. C’est parfois trop petit, on n’a pas l’apprentissage de la collectivité », explique Mélodie Leroy. Dalila est assistante maternelle depuis onze ans, Naoual depuis huit ans et Mélodie, psychologue de formation, vient d’être agréée.

Suivi individuel

Les MAM, c’est confier son enfant à une assistante maternelle, mais plus à la maison. Là, on est au milieu d’autres enfants et d’autres nounous. « On n’est pas la crèche de 90 inscrits, appuie Mélodie, on est une petite structure, on peut assurer le suivi individuel de 0 à 6 ans. » Alors qu’en crèche, la norme est de cinq enfants sachant marcher et trois ne sachant pas par auxiliaire, Mélodie, Dalila et Naoual sont chacune agréées pour quatre enfants. Qu’ils marchent ou non. Qu’ils aient un léger handicap n’est pas un obstacle.

Fortes de leur envie de bâtir à trois, les jeunes femmes se sont tournées vers la mairie. « On leur a demandé où étaient les besoins, on nous a répondu Vieux-Lille et Vauban. » Elles ont trouvé le local commercial (un beau rez-de-chaussée de 160 m2 rue Négrier), et se sont rapprochées de la puéricultrice et du médecin chef de la Protection maternelle et infantile. « Ils nous ont aidées à monter notre projet pédagogique. »

Comme à la maison

Pour le reste, les filles se sont débrouillées, ont puisé dans les économies, emprunté. « Il fallait tout casser pour créer deux salles de jeux, les dortoirs, le coin cuisine… mais hors électricité et plomberie, nous avons fait les travaux avec les maris et les copains ! » Ce sens du collectif vit désormais dans la MAM. Dalila et Naoual apprécient de ne plus travailler seules chez elles. Elles s’enrichissent toutes trois de la façon de faire de l’autre. « Quand un petit pleure sans discontinuer, c’est sympa de se dire qu’on peut passer le relais. »

Les Lutins malins n’ont que huit jours et, déjà, de petits événements sont survenus. Un bébé de 3 mois qui n’avait jamais pris autre chose que le sein : « Grand moment ce premier biberon ! » Et les pleurs trois jours durant d’un petit. « Nous avons parlé à la mère, elle nous a expliqué l’histoire personnelle de l’enfant, devant lui. Et depuis, plus un pleur. » Grande fierté d’avoir accompli quelque chose pour le bien de l’enfant. « Les parents comprennent qu’ils peuvent tout nous dire. » Comme à la maison.
« Pas du luxe »

Les MAM (Maison d’assistantes maternelles) sont un type d’accueil créé par un décret de juin 2010, relatif aux établissements et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans. L’engouement a été fort, partout en France, pourtant, il n’y avait pas encore de MAM à Lille. Sans doute parce que ce type d’accueil, bien que validé par un agrément du conseil général, n’est pas subventionné.

« J’ai rencontré ces trois femmes au début de leur projet, se souvient Lise Daleux, adjointe au maire chargée de la famille et des modes de garde. Elles sont très motivées. Tout ce qui peut augmenter la qualité d’accueil de la petite enfance est une bonne chose, car à Lille, ce n’est pas du luxe, nous sommes vraiment trop short. » La liste d’attente pour une place en crèche est d’un millier… Les autres modes de gardes, tel que le réseau d’assistantes maternelles, sont donc les bienvenus.

L’association Premiers pas, qui gère ce réseau, comptabilise 792 nounous à Lille, soit un total de places agréées de 1 257. D’après le site internet de Premiers pas, il n’y aurait cependant que 55 places disponibles actuellement.

D’un point de vue plus politique, Lise Daleux se souvient de l’arrivée de ce décret en 2010, sous Sarkozy, et de son contenu. « Moi-même et Martine Aubry avions jugé le décret un peu léger sur les critères qui offrent la possibilité d’ouvrir une MAM, dit-elle. Non pas que les assistantes maternelles ne sachent pas s’occuper des enfants, elles le font très bien et ont un quota d’heures de formation, mais elles ne sont pas encore formées sur l’accueil collectif, qui n’a rien à voir avec le fait de garder des enfants à la maison. » À en juger par la motivation des créatrices lilloises de la première MAM, elles accueilleront sans doute à bras ouverts toute modification du décret qui pourrait les amener à parfaire leur formation. La ministre à la Famille, Dominique Bertinotti, travaille à une remise à plat du décret.

Stéphanie Fasquelle

Source : La voix du Nord du 11 octobre 2013